Éduc’alcool et la Ville de Québec ont décidé d’éduquer la population, et plus particulièrement la jeunesse turbulente, en vue de la prochaine édition de la fête nationale. Les festivités de Québec constituent ainsi, c’est un secret de Polichinelle, une véritable beuverie à ciel ouvert, beuverie qui a dégénéré l’an dernier en deux tentatives de meurtre… Si l’on veut bien que les gens festoie, on veut cependant en réduire les excès, la Ville de Québec ayant mis en place un plan de « tranquilisation » de la fête sur plusieurs années.
Or, s’il est vrai que le phénomène s’est amplifié depuis le milieu des années 1990 lorsque des émeutes éclatèrent justement dans la Capitale Nationale alors que les fêtards devaient quitter les Plaines d’Abraham vers minuit, le phénomène des consommations excessives le jour de la Saint-Jean-Baptiste n’est pas neuf. Il remonte en fait aux années 1970 alors que, suite aux émeutes de 1968 et 1969, le défilé national fut annulé à Montréal et remplacé par des fêtes de quartiers et des spectacles populaires. Plus profondément encore, la fête comme phénomène social a, de tout temps, été un moment de relâchement moral, voire d’inversion des normes (notamment au Moyen Âge et à la Renaissance, par exemple dans le cadre du Carnaval).
Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’éclosion des consommations excessives et des comportements « limites » (violents. consommations excessives et parfois sexuels) lors de la fête nationale est apparue à deux moments où la scène politique s’avérait des plus tendues (à la veille et dans les années qui suivirent la crise d’Octobre, ainsi qu’aux lendemains du référendum de 1995). La consommation excessive pour oublier le blocage politique? La dépense gratuite et irréfléchie à défaut de la mobilisation autour d’une question nationale sans issue? Y voyez-vous un juste retour des choses ou une moralisation de la fête? À trois semaines de la Saint-Jean, le débat est ouvert!